Les travaux d’Hercule mis en image
La fortune constante dont jouit la Consolation de Philosophie, et ses traductions au long du Moyen Age n’incitent pas a priori à faire d’un manuscrit de Boèce parisien du début du XVe siècle un représentant significatif de l’humanisme français. Certes, en tant qu’auteur antique, le personnage de Boèce et son œuvre avaient leur part dans le regain d’intérêt qui se manifeste à cette époque pour les choses de l’Antiquité, mais était-ce si neuf ? L’idée de Renaissance reste attachée à la redécouverte de Cicéron, de Tite-Live ou de Vitruve. Que dire alors d’un auteur du VIe siècle qui n’avait cessé d’être lu, commenté et enseigné dans les écoles médiévales ? Relevant l’hostilité à son égard d’un Lorenzo Valla (1407-1457), Anthony Grafton résume ainsi l’ambiguïté du rapport à Boèce : “ The early humanists were not quite sure what to make of Boethius. As an ancient of high birth and great learning, he deserved respect ; as a best-seller throughout the ‘barbarous’ Middle Ages, he aroused suspicion ”. Et il ajoute : “ No classic of Latin literature made the humanists more uneasy ”. Mais quelques décennies plus tôt, tel n’était pas encore le cas. [...]
I. Villela-Petit, « Les travaux d’Hercule mis en images dans les manuscrits de Boèce du temps de Charles VI », dans C. Blondeau et M. Jacob éd., L’Antiquité entre Moyen Age et Renaissance : L’Antiquité dans les livres produits au nord des Alpes entre 1350 et 1520 (actes du colloque de mars 2006), Paris, 2011, p. 159-194 et pl. X-XII.
Presses universitaires de Paris Ouest - ISBN : 978-2-84016-057-1