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« La banque Limbourg Frères »  

 

Les frères Herman, Paul et Jean de Limbourg, célèbres enlumineurs du duc Jean de Berry sans doute actifs à Bourges dès 1405, étaient originaires de Nimègue, capitale du duché de Gueldre en terre d’Empire. L’extraordinaire qualité des pages des Belles Heures et surtout des Très Riches Heures qu’ils peignirent pour le prince et leur indéniable génie artistique ont éclipsé une autre de leurs activités, une activité très prosaïque, qui les conduisit à séjourner régulièrement sur les bords du Rhin. Les Limbourg s’adonnaient à la finance. C’est à cet aspect de leur carrière que je m’attacherai ici, non pas le plus séduisant, ni le plus moral, mais sociologiquement intéressant et éclairant aussi sur les liens entre l’art et l’or. [...]

 

I. Villela-Petit, « La banque Limbourg Frères », Bulletin de la Société française de numismatique (actes des Journées numismatiques de Bourges, 1-3 juin 2012), 2012, p. 172-177.

« Les frères de Limbourg hors du livre »  

 

Enlumineurs par excellence, auteurs des pages les plus célèbres de l’enluminure médiévale, les frères de Limbourg apparaissent pourtant dans nos sources d’abord comme apprentis orfèvres pour deux d’entre eux, et comme peintre accompli pour le troisième. Nous avions émis dès 2010 l’hypothèse d’une pratique parallèle de différents arts au sein de l’atelier commun aux trois frères. Les discussions soulevées par des redécouvertes récentes dans le cercle du peintre Jean Malouel, leur oncle, ont mis en lumière les relations croisées entre peinture de chevalet et enluminure, tandis qu’un réexamen des sources montrait que leurs activités s’étendaient même au-delà de la pratique artistique, puisqu’ils étaient aussi banquiers ! Nous nous proposons de revenir sur ces questions pour tenter de dégager ce que la nouveauté de leur art doit à leur maîtrise d’autres techniques et comment formes et conceptions d’origines diverses, nourrissant une insatiable curiosité, se sont trouvées comme incorporées à leurs enluminures. La cour de Jean de Berry semble avoir offert un milieu particulièrement favorable à la polyvalence et aux transpositions artistiques puisqu’on en conserve d’autres témoignages, notamment pour André Beauneveu et Michelet Saumon. L’exposé s’attachera aussi à montrer l’intérêt de la copie comme moyen d’émulation et d’appropriation, et interrogera la formation de l’artiste de cour, ici opposé au « métier » codifié dont il est issu mais dont il peut s’autoriser le dépassement.

I. Villela-Petit, « Les frères de Limbourg hors du livre », dans M. Tomasi éd., Dans le manuscrit et en dehors. Échanges entre l’enluminure et les autres arts (IXe-XVIe siècles), Lausanne, 2023, p. 15-36 et pl. 1.

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