
Devises de Charles VI
Le livre d'heures connu familièrement sous le nom d'Heures Mazarines (Bibliothèque Mazarine, ms. 469) a depuis longtemps attiré l'attention des chercheurs. La qualité de ses peintures, la profusion des ors et la richesse des bordures historiées laissaient supposer un commanditaire de très haut rang. Charles Sterling proposait de le chercher dans l'entourage de Louis d'Orléans. Il rapprochait en effet de ce prince le collier que porte l'un des mages de l'Epiphanie, collier dans lequel il pensait retrouver l'emblème du bâton noueux cher au duc d'Orléans. [...] Pourtant, et l'on peut s'en assurer par un examen minutieux, ce collier n'a rien du fameux bâton noueux tel qu'il peut figurer ailleurs, et force est donc de renoncer à cette première hypothèse. Le manuscrit renferme en contrepartie bien d'autres indices qui, nous le verrons, permettent d'en identifier le véritable commanditaire.
I. Villela-Petit, « Devises de Charles VI dans les Heures Mazarines, la personnalisation d'un manuscrit », dans Scriptorium - Revue internationale des études relatives aux manuscrits, t. 55, 2001, n° 1, p. 80-92.
Un portrait de Wenceslas de Luxembourg
Laurent Hablot publiait récemment une étude bienvenue sur l’ordre de la Cosse de genêt, vraisemblablement fondé en 1387 par le roi Charles VI. Nous voudrions ici apporter au dossier une pièce supplémentaire, quoique postérieure à la période où le collier fut en usage. Elle est tirée d’un recueil de portraits du XVIe siècle, dit recueil Leboucq, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque municipale d’Arras. Issu d’une famille noble de Valenciennes, Jacques Leboucq († 1573) fut héraut d’armes de Charles Quint et lieutenant de la Toison d’or sous Philippe II ; en 1559, il fut même, par intérim, le roi d’armes de cet ordre. Ses intérêts et ses talents, en partie liés à sa fonction (héraldique et généalogie), s’étendaient aussi à la peinture. Son épitaphe le dit en effet Pictor Jacobus Leboucq, imitator Apellis egregius, et en français : “ ...Car de peindre eut tel art qu’en mille et mille traits Fit les hommes revivre en ses divins portraits ”. […]
I. Villela-Petit, « Un portrait de Wenceslas de Luxembourg, nouvelle occurrence de la cosse de genêt », dans la Revue française d'héraldique et de sigillographie, t. 71-72, 2001-2002 (2004), p. 160-163.
