Ricimer vincas
La préparation de l’exposition « Les temps mérovingiens » au Musée de Cluny a été l’occasion de réexaminer les bagues de la collection du Cabinet des médailles dont la lecture n’avait, pour beaucoup, plus été révisée depuis l’étude sur les anneaux sigillaires de Maximin Deloche en 1900, suivie par Reine Hadjadj. Ce réexamen peut désormais s’appuyer sur les travaux d’onomastique germanique du philologue Wolfgang Haubrichs, professeur émérite de l’université de Sarrebruck, notamment ses articles « Figurae et scripturae » dans la Nouvelle revue d’onomastique et « Die Namen der Ringe » dans les mélanges Holtus. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment dans le déchiffremment des monogrammes.
Les quelques bagues que nous examinerons ci-après, acquisitions anciennes ou, dans le cas de Ricimer, beaucoup plus récente, appartiennent toutes à des degrés divers au groupe des « prestige rings » de Filmer-Sankey, subdivisé en « seal », « name », « intaglio » et « coin rings » d’une part, « jewellery rings » et « decorated broad rings » de l’autre. Nous distinguerons principalement les bagues sigillaires, à images et inscriptions inverses et rétrogrades pour une lecture en positif sur l’empreinte de cire ou autre matériau plastique d’impression ; et les non-sigillaires, à images et inscriptions à l’endroit, portant un anthroponyme (« name rings »), ou deux pour les « bagues de fiançailles », un vœu, ou tout type de décor qui fait l’attrait du bijou. Sous ces catégories et sous-catégories se devinent des usages variés, administratif, commémoratif, magique ou de parure. [...]
I. Villela-Petit, « 'Ricimer vincas'. Symboles et inscriptions de quelques bagues des temps barbares », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France (2016), 2021, p. 355-389.
Voir : Les Temps mérovingiens. Trois siècles d’art et de culture (451-751), Paris, 2016.