
Toponymes monétaires : le cas du Rouergue
En faisant émerger un groupe homogène : le monnayage rutène, les études d’Arent Pol confirment l’intérêt de relier la géographie des ateliers monétaires mérovingiens et l’organisation politique du territoire. L’identification exacte des toponymes, malgré les difficultés de l’exercice et les cas récalcitrants, revêt dès lors une grande importance, non seulement pour la numismatique mérovingienne, mais aussi pour l’Histoire du royaume franc. L’apport de la phonétique historique et de la linguistique diachronique reste indispensable. Or, comme le notait Jean-Pierre Chambon :
« Dans la cité des Rutènes, la proportion des équations à rejeter s’élève encore. Cinq toponymes désignant des ateliers sont identifiés par Depeyrot dans cette cité, mais quatre de ces identifications doivent être écartées. » […]
I. Villela-Petit, « Ce que les toponymes monétaires ont à nous dire
sur les structures du pouvoir mérovingien : le cas du Rouergue », dans I. Villela-Petit, Karim Meziane et Philippe Schiesser éd., Du Trésor royal au salaire de la mine. Monnaies, monétaires et pouvoirs mérovingiens (Recherches & Travaux de la SÉNA, t. 12), 2025, p. 47-56.
Haribald, une carrière de monétaire-orfèvre au VIIe siècle
Comme l’a montré Jean-François Boyer, les monétaires mérovingiens supervisaient la collecte des impôts et des taxes dans les cités et les districts hérités de l’Empire romain (les fameux vici). Agents du pouvoir royal subordonnés au comte, ils firent tantôt carrière localement, passant du contrôle d’un vicus à la direction de la publica fiscalis monetæ officina de leur cité, tantôt d’une cité à l’autre, voire accédèrent à d’autres fonctions : domesticus (intendant), tesaurarius (en charge des finances et du trésor royal), ou même comte ou évêque. Les monétaires semblent alors se recruter parmi les familles notables de la cité ou du district (honorabili viri), dont certaines occupent ces fonctions sur plusieurs générations si l’on en croit les études onomastiques. Par ailleurs, les différences de style parfois marquées entre les tremisses au nom d’un même monétaire et d’un même lieu laissent entendre que ces officiers royaux n’étaient pas eux-mêmes – ou du moins pas seuls – graveurs de coins. Pourtant, une possible identification entre monétaire et orfèvre, entre officier royal et artisan de métier est suggérée par la Vita de saint Éloi, qui lui-même commença sa carrière comme apprenti orfèvre auprès du monétaire Abbon à Limoges, avant de poursuivre à la cour de Neustrie où il prendra la direction de la Moneta palati, puis de devenir évêque de Noyon à partir de 641. […]
I. Villela-Petit, « Haribald, une carrière de monétaire-orfèvre au VIIe siècle », dans I. Villela-Petit, Karim Meziane et Philippe Schiesser éd., Du Trésor royal au salaire de la mine. Monnaies, monétaires et pouvoirs mérovingiens (Recherches & Travaux de la SÉNA, t. 12), 2025, p. 57-66.
